Il était une fois dans un château…

Château Palmer (Médoc)
Un vignoble de châteaux en France

« Il était une fois dans un château…« 

Vous pensiez certainement que cette une expression, propre au merveilleux et de l’imaginaire, ne pouvait être attribuée qu’aux contes de fées… Et bien, il s’agit là d’une erreur ! Il existe en France un endroit où la formule magique prend vie sous vos yeux : le vignoble bordelais !
Ce vignoble du sud-ouest français est un vignoble dit de « châteaux » ! N’imaginez-là point de demeures grandioses aux allures royales ou féériques : en Bordelais les châteaux ont bien souvent de castrale seulement leur dénomination. Est appelée « château » une exploitation viticole où l’ensemble des étapes de production du vin sont réalisées sur place (de la culture de la vigne à la mise en bouteille). Oubliez donc les pont-levis, donjons, salles de bal, ou tout autre élément typique des châteaux… Le château viticole, lui, se compose de parcelles de vignes et de bâtiments d’exploitation.

Propriété et vignes à Chasse-Spleen

Au lieu de se situer à un endroit militairement stratégique, si elle souhaite bénéficier de la dénomination « château », l’exploitation doit obligatoirement appartenir à une Appellation Géographique Protégée ou à une Indication Géographique Protégée. Plus qu’un modèle architectural, c’est donc un corpus législatif qui permet de définir le château viticole bordelais.

Mais, l’imaginaire prenant le pas sur le réel, la symbolique semble tout autant servir pour définir les vins issus de ces domaines.
Imaginez-vous, consommateurs, face à un rayon de bouteilles de vins. Vos yeux se posent sur différentes étiquettes telles que Château Margaux, Château Soutard, Château Giscours, Château d’Agassac… Inconsciemment, du fait de la présence du terme « château », vous allez associer ces bouteilles à des notions de prestige, de noblesse, de luxe, de raffinement… Automatiquement, vous opérez donc un transfert de la symbolique du château sur l’image des vins de châteaux. A l’étranger, le processus sera identique -le château étant un élément identificateur du Bordelais. Il sera même amplifié par le fait que les consommateurs étrangers lieront aussi le vin à la culture et à la gastronomie française ! Le château, dans le monde du vin, est donc un château davantage grâce à la culture (ou aux cultures) qui lui sont rattachée(s) que par son apparence castrale. Cependant, du côté des propriétaires, le souhait de rattacher une symbolique à une apparence est très vite apparu !

Bien que l’habit ne fasse pas le moine, dès le XIXe siècle, les propriétaires des châteaux ont décidé de faire de leurs domaines le reflet, ou plutôt la vitrine de leurs vins ! Lorsque vous passez devant une vitrine, les éléments présentés dans la devanture sont supposés vous inciter à entrer et à y acheter. Les châteaux viticoles font de même ! Le marquis Louis Gaspard d’Estournel désirait de devenir le fournisseur exclusif des nababs et des maharajas -un pari ambitieux auquel il parviendra. Aussi, le marquis matérialisa son rêve dès l’entrée de son domaine le Clos d’Estournel par des portes provenant du palais de Zanzibar. Et c’est l’ensemble de la bâtisse qui reflète les aspirations lointaines de son propriétaire avec une architecture aux inspirations orientales et indiennes.

Clos Estournel ou le Zanzibar du Bordelais

Et il ne s’agit là que d’un exemple parmi tant d’autres ! La région regorge des constructions de ces « Princes des Vignes » s’anoblissant eux-mêmes par la même occasion. Leur titre se retrouve sur la bouteille avec la mention « château », et bien souvent la représentation de leur bâtisse. Le prestige est alors assuré, et la vitrine transportée sur les lieux de vente pour vous charmer, vous, consommateurs, en vous faisant rêver de prestige noblesse, de luxe, de raffinement… Avec l’étiquette, ils n’utilisent non plus la symbolique du château mais le symbole. Ainsi, ils entretiennent l’imaginaire avec lequel vous associez ces vins en les ancrant dans l’élément matériel qu’est la bâtisse.

Châteaux sur images

Mais alors, le consommateur a-t-il à faire à un château irréel que son propriétaire aurait rendu réel ? Ou, est-ce lui, qui en attribuant une symbolique particulière à une bâtisse, confond le réel avec l’irréel ? Laissons à chacun le choix de décider de ce à quoi il veut croire !

Quoi qu’il en soit, ces domaines sont rattachés à bien des histoires et à biens des rêves dont les vins en sont les principaux protagonistes. A vous de vous laisser transporter, ou non, par les impressions qu’ils dégagent à première vue. Pour ce qui est de celles ressenties lorsque vous les dégusterez, soyez-en certains, ils susciteront chez vous la même ivresse que celle vous éprouvez en vous plongeant dans la littérature et l’imaginaire !

Le Château d’Agassac : entre forteresse et chais

P.W.

Crédits Photographiques : Château Palmer, Château Chasse-Spleen, Clos d’Estournel, Château d’Agassac, bouteille Château Chasse-Spleen, bouteille Château Smith Haut-Lafitte – Pauline
Réalisation Cartographique : Pauline

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